Du théatre de Corneille au théatre de Voltaire (II)
Joseph LAGNEAU
Du théâtre de Corneille
au théâtre de Voltaire (II)
de l'orthodoxie religieuse à l'idéologie
par Joseph Lagneau
APRÈS avoir exigé pour ses tragédies politiques « une connaissance approfondie de l’histoire, une tête faite pour combiner des idées de politique, de morale et de philosophie [1], » Voltaire veut faire de ses tragédies religieuses « une école de raison et de tolérance [2]. » Alors que Corneille exposait les vertus héroïques des martyrs, comme en témoignent les sous-titres de ses deux tragédies chrétiennes — Polyeucte martyr, tragédie chrétienne, 1643 et Théodore vierge et martyre, tragédie chrétienne, 1646 — Voltaire fait du prosélytisme pour une religion nouvelle faite d’une morale universelle et d’un vague déisme [3]. « Pour éclairer les hommes et les porter à la vertu », comme le dit Condorcet dans sa Vie de Voltaire [4], « il fallait éliminer le plus funeste des préjugés, le fanatisme. » Et…